Pignon : une idée fixe

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Platon était un mordu de pignon fixe. Il y a même consacré un ouvrage. Mais une vilaine chute l’a empêché de terminer, et ses écrits n’ont jamais été publiés *. Aujourd’hui le débat sur la place des pignons fixes sur nos pistes cyclables est si houleux, que the rustine a décidé de disserter sur le sujet. Avec thèse – antithèse – synthèse. Accrochez-vous.

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut replacer le pignon fixe à côté de son cousin le singlespeed. L’un de va pas sans l’autre, puisque le singlespeed n’est que la version évoluée du pignon fixe. Oui. Au départ, le pédalier entraînait la chaîne, qui elle-même entraînait le pignon – fixe, merci – qui entraînait la roue, dans un cycle perpétuel interrompu par l’intervention d’un frein. Mais ça, c’est une autre histoire.

Aujourd’hui, si le pignon fixe et le singlespeed font leur retour en force, on peut dire, pour faire simple, que c’est bien souvent pour une raison très simple : faire simple.  Car ni dérailleur ni vitesses signifie moins de mécanique et d’entretien, soit pas de cambouis sur les mains. Ou si peu. Quant à l’allure que l’on peut espérer obtenir une fois la plupart des pièces superflue enlevées, ça s’appelle : la grande classe.

Now. Pourquoi diable vouloir à tout prix pédaler sur un objet de torture comme le pignon fixe jusqu’à ce que mort s’en suive ? Si la roue libre a été inventée, c’est bien pour offrir à nos molets un repos bien mérité, non ? Oui, mais voilà. Depuis qu’on a lâché nos roulettes, on sait tous faire du vélo à une vitesse. Voyons plus grand ! Passons vite au pignon fixe, et balayons cette idée reçue qui prétendrait que le fixie, c’est non seulement dangereux et réservé aux fous-fous mal coiffés qui confondent piste cyclable avec skate park. Point du tout. Il existe deux types de fixeurs (en gros). À vous de savoir qui vous êtes.

 

Cycliste n°1 : en mode sweat à capuche et Vans aux pieds, vous êtes du genre à préférer les straps de pédales serrés à mort pour pouvoir vous arrêter en faisant un skid (en français, dérapage) car vous êtes un grand malade qui a renoncé à ses freins. Vous prenez des risques, mais il y a toujours la solution d’apprendre à le faire proprement avec Fixie Love.
Cycliste n°2 : plus « strict » que « street », vous n’êtes pas contre l’idée d’utiliser au moins deux doigts pour freiner. Vous avez donc installé un frein à l’avant de votre vélo chéri. Et pour éviter de râper vos belles derbies, vous avez opté pour de jolis cale-pieds munis de cuir. En plus, pour rester bien coiffé, vous n’allez jamais trop vite.

 

Tout dépend donc de vous. Dans tous les cas, et après un léger temps d’adaptation, vous saurez maîtriser votre fixie. Pas la peine de faire le mariole, une petite balade pour aller chercher le pain est tout à fait envisageable.

Non, sans blague, s’il faut insister pour que vous passiez au pignon fixe, parlons de la sensation de ne faire qu’un avec son vélo. Elle est unique. Vous avez le contrôle total sur la vitesse de pédalage, en retenant plus ou moins les pédales. Ultra silencieux, votre vélo tourne comme une horloge et vous aurez besoin de moins de puissance pour accélérer. En gros, il y a moins de déperdition d’énergie : votre vélo réagit à la moindre accélération ou décélération de votre part. Vous ne pédalez plus, vous voilà en train de voguer. Ou voler, on ne sait plus.

Allez, pour les plus hésitants d’entre vous, on vous donne la solution : les roues “flip flop”, soit un pignon fixe d’un côté, un pignon libre de l’autre. De quoi alterner les plaisirs.

Et pour les plus cartésiens, voici des raisons « objectives » de faire du pignon fixe, par Broke Bikes – un shop belge dont on parlera bientôt !

 

Advantages and disadvantages of riding fixed gear

* Ceci est historiquement faux, bien sûr :)